ESPRESSO
Chère lectrice, cher lecteur,
Comme vous allez certainement le lire dans cette édition de l’Observateur, nous avons dit au revoir à ESPRESSO, qui est maintenant en route vers l’observatoire de l’ESO à Paranal près d’Antofagasta au Chili où il sera intégré au VLT pour la fin de cette année. ESPRESSO, dont le développement a été dirigé par Francesco Pepe de PlanetS, représente le dernier cri des spectrographes à haute stabilité et à haute résolution. Il a été construit pour obtenir une précision dans les mesures de la vitesse radiale dix fois supérieure à celle de HARPS le chasseur de planète le plus précis et efficace à ce jour.
Les scientifiques ont toujours attendu avec impatience l’arrivée de nouveaux instruments innovants, car ils provoquent généralement un flot de découvertes qui améliorent notre compréhension de la nature. Mais pourquoi les scientifiques veulent-ils construire eux-mêmes ces instruments, puisqu’ils peuvent être, une fois opérationnels, accessibles par toute la communauté au moyen d’un processus de proposition bien défini? Pourquoi s’engager dans un projet de développement qui nécessite la recherche de financement, la gestion d’un consortium international et la résolution des problèmes matériels et logiciels complexes (sans parler des innombrables nuits blanches)?
Ma réponse est que les scientifiques sont motivés par des défis et des performances. Cela commence par leur frustration d’être incapable de répondre à une question scientifique importante par manque d’un instrument adéquat. Suivie par leur désir de surpasser tout ce qui existe pour être dans une position unique de pouvoir répondre à la question. Le résultat débouche souvent sur une innovation qui a poussé la technologie existante à ses limites et même au-delà.
Bien que la gestion de ces grands projets expérimentaux comporte d’innombrables difficultés, le succès apporte une récompense qui l’emporte sur tout: l’accès privilégié à des données inédites pour une période de temps. Sur une mission spatiale ou un grand télescope pour lesquels le temps est extrêmement précieux et la compétition féroce, un tel accès offre un véritable avantage …
Les membres de PlanetS sont impliqués dans un certain nombre de projets (ESPRESSO, NIRPS, ERIS, CHEOPS, PLATO, METIS, HiRES pour ne citer que quelques-unes de leurs acronymes bizarres …) sur lesquels nous vous informons régulièrement dans l’Observateur. Maintenant, vous savez que nous nous engageons dans ces projets non seulement parce que nous aimons les nuits sans sommeil (!) mais également parce que nous sommes frustrés de ne pas pouvoir répondre à des questions scientifiques importantes. C’est la manière dont les scientifiques relevent le défi!
Avec mes meilleurs voeux,
Willy Benz
Directeur PRN PlanetS