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Les sciences planétaires et la coopération Franco-Suisse à l’honneur

La coopération scientifique Franco-Suisse était à l’honneur à l’Université de Berne, lors d’une soirée évènement organisée mercredi 3 novembre 2021 en collaboration avec l’ambassade de France en Suisse et au Lichtenstein. La professeure Magali Deleuil du Laboratoire d’Astrophysique de Marseille (LAM) était l’invitée d’honneur de cette conférence intitulée « À la recherche des planètes lointaines. »

« Nous sommes heureux de pouvoir vous souhaiter à nouveau la bienvenue après ces temps difficiles. » S’adressant au public venu nombreux, c’est par ces mots que Christoph Pappa, secrétaire général de l’Université de Berne, a débuté la soirée, premier évènement grand public organisé à l’université depuis le début de la pandémie. Prenant ensuite la parole, Frédéric Journès, l’Ambassadeur de France en Suisse et au Liechtenstein, a rappelé que c’est grâce à la science que le combat contre la pandémie avance et que l’évènement était possible. « La confiance du public dans la science a été abîmée par la pandémie. C’est pourquoi ce genre d’évènements est important pour rétablir cette confiance et reconstruire le lien entre la société et la science. »

Frédéric Journès, l’ambassadeur de France à Berne, a relevé la nécessité de disposer d’instruments de pointe pour la science.   © Sylviane Blum/Université de Berne

Après cette mention du contexte pandémique actuel, l’Ambassadeur a poursuivi sur le sujet de la soirée : les exoplanètes. Il a entre autres évoqué ses souvenirs de l’annonce de la première exoplanète géante et de la première planète tellurique. Impliqué dans le domaine de la recherche scientifique depuis de nombreuses années, notamment après avoir travaillé au Commissariat à l’Énergie Atomique (CEA), il a rappelé que faire de la science de pointe nécessite de grands instruments. Il a aussi indiqué que ceux-ci nécessitent des coopérations internationales pour être réalisables, avant de pointer le fait que « Magali Deleuil incarne au quotidien la coopération scientifique franco-suisse. »

Le professeur Yann Alibert, chercheur français établit à l’Université de Berne depuis 20 ans est un autre parfait exemple de ces échanges scientifiques franco-suisse. Dans un court exposé suivant le discours de l’Ambassadeur, il a rappelé les contributions de la Suisse et de l’Université de Berne dans les programmes d’exploration spatiale, dès 1967 avec des instruments de mesures atmosphériques à bord de la fusée-sonde Zénith. En 1969, dans le cadre du premier alunissage, avant même de planter le drapeau des États-Unis d’Amérique, Buzz Aldrin a déployé un collecteur de vent solaire fabriqué par l’Université de Berne. Par la suite surnommé « Drapeau Suisse », cet instrument sera à bord de 5 missions Apollo à destination de la Lune. Depuis, l’Université de Berne a contribué à plus de 30 instruments explorant tous les recoins du système solaire, allant du Soleil avec le satellite SOHO, jusqu’à Jupiter et ses lunes prochainement avec la mission JUICE (arrivée prévue pour 2030), et en passant par les comètes grâce aux missions Giotto puis Rosetta. Le dernier point de l’exposé du professeur Alibert a été le télescope spatial CHEOPS, lancé fin 2019. Il s’agit du premier satellite développé sous direction commune de la Suisse et de l’Agence Spatiale Européenne (ESA), avec la participation de 10 autres pays. Parmi ces pays figure la France, dont le LAM, où les équipes de Magali Deleuil transforment les photos brutes prises par le télescope en courbes de lumière. Celles-ci permettent aux scientifiques de détecter et de caractériser des planètes extérieures à notre système solaire, aussi appelées exoplanètes.

Le professeur Yann Alibert, astrophysicien à l’université de Berne, a présenté le satellite CHEOPS, réalisé sous direction commune de la Suisse et de l’Agence Spatiale Européenne (ESA). © Sylviane Blum/Université de Berne

La professeure Deleuil a ensuite rappelé qu’en 1995 déjà, le département d’astronomie de l’Université de Genève et le LAM avaient travaillé ensemble, pour construire l’instrument ELODIE. Ce spectrographe décompose la lumière d’une étoile en son « arc-en-ciel » de couleurs, ce qui permet notamment d’étudier la chimie de l’étoile. Qui plus est, cet instrument est aussi capable de déterminer la vitesse de ladite étoile, grâce à l’effet Doppler : si une planète orbite autour de cette étoile, la vitesse de celle-ci oscille de manière périodique. Cela permet d’en déduire la présence de la planète. C’est ainsi grâce à ELODIE que Michel Mayor et Didier Queloz ont découvert 51 Pegasi b, la toute première exoplanète connue en orbite autour d’une autre étoile de type solaire. Cette découverte révolutionnaire, récompensée par un prix Nobel, a donc été faite par deux astronomes suisses, utilisant un instrument franco-suisse, installé sur un télescope situé en France à l’Observatoire de Haute-Provence (OHP).

Magali Deleuil, professeure au Laboratoire d’Astrophysique de Marseille (LAM –
France), et invitée d’honneur de la soirée a entre autres indiqué les défis futurs de la recherche exoplanétaire. © Sylviane Blum/Université de Berne

« Le bestiaire des exoplanètes est très différent de ce que l’on peut voir dans le système solaire, » a ensuite déclaré la professeure Deleuil, évoquant ainsi la spécificité de 51 Pegasi b qui est un « jupiter chaud » : une géante gazeuse orbitant si proche de son étoile qu’elle est surchauffée et que son atmosphère est enflée. En fait, les scientifiques étaient même convaincus à l’époque, qu’une telle planète ne pouvait pas se former. Puis, ils en ont trouvées de nombreuses autres. Autre exemple de différence du bestiaire mentionné au cours de la soirée : CoRoT 7-b, première super-terre, détectée en 2011. Là encore, une planète « impossible » d’après la théorie d’alors. La donne a changé avec la découverte de Kepler 10-c et de bien d’autres encore : toutes des super-terres ou pour certaines des mini-neptunes. Ces planètes « impossibles » ont permis de mieux comprendre la formation des systèmes planétaires, y compris le nôtre.

La professeure Deleuil durant sa présentation. © Sylviane Blum/Université de Berne

De telles avancées ont été réalisées grâce au développement de satellites tels CoRoT (impliquant lui aussi des collaborations franco-suisse) ou encore Kepler. La professeure Deleuil a confié à l’assemblée francophone que « La construction de satellites, c’est pousser l’instrumentation dans ses retranchements. Au sol, on peut aller réparer les télescopes et instruments, mais pour les satellites : c’est impossible. Il n’y a pas droit à l’erreur ! Il faut que les instruments puissent résister à un environnement très hostile durant le décollage et une fois en orbite. » Pour terminer, Magali Deleuil a évoqué le futur de la recherche  exoplanétaire.  Le satellite PLATO, auquel contribue aussi l’Université de Berne, aura la tâche d’observer des milliers d’étoiles similaires à notre Soleil, afin de détecter et de caractériser des exoplanètes orbitant autour. Cela nous permettra de rechercher des planètes toujours plus petites et potentiellement plus hospitalières pour une hypothétique vie. Elle a conclu l’évènement en déclarant que « Trouver des analogues à la Terre, c’est le défi des dix prochaines années. L’aventure commence à peine ! »

Pendant l’apéritif qui a clôt l’évènement, Magali Deleuil a répondu avec enthousiasme à de nombreuses questions émanant des participants. © Sylviane Blum/Université de Berne

 

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