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Remettre en question la théorie peut valoir la peine

Là où peu de gens ont pensé à regarder, le télescope “SAINT-EX”, cofinancé par PlanetS, est à la recherche de nouveaux mondes. Après un an de fonctionnement, le projet a donné de premiers résultats enthousiasmants.

Il se trouve au sommet d’une région montagneuse, à près de trois mille mètres au-dessus du niveau de la mer, surplombant des forêts de pins et d’impressionnantes formations rocheuses : c’est l’Observatoire National d’Astronomie du Mexique de San Pedro Mártir. C’est de là que le téléscope robotisé et entièrement automatique d’un mètre “SAINT-EX” observe le ciel nocturne. Le projet cofinancé par PlanetS vise à localiser et à décrire les planètes au-delà des limites de notre système solaire. Il se concentre sur les planètes rocheuses potentiellement habitables, semblables à la Terre, en orbite autour d’étoiles dites ” ultra froides “.

Le dome qui cache le télescope SAINT-EX au Mexico.

Une alternative intelligente

” Ultra froide “, un adjectif qui pourrait induire en erreur, en effet, les températures de surface de ces étoiles atteignent tout de même quelque 2500 degrés Celsius. Mais par rapport à d’autres étoiles, c’est effectivement plutôt froid. Le Soleil, par exemple, est environ deux fois plus chaud.

Il y a de bonnes raisons de chercher des planètes semblables à la Terre dans ce genre de systèmes stellaires, comme l’explique le responsable du projet, Brice Demory : “À l’heure actuelle, nous n’avons pas la capacité instrumentale de détecter les planètes de la taille de la Terre en orbite autour d’étoiles semblables au Soleil dans la zone habitable”, explique-t-il. La raison en est que la zone habitable, où l’eau liquide pourrait exister, est relativement éloignée des étoiles similaires au Soleil. Cette grande distance rend la probabilité d’un transit, soit le passage de la planète entre l’étoile et le télescope, très faible. Elle n’est que d’environ 0,5 %. Cette probabilité augmente d’autant plus que l’étoile est froide, car la zone habitable se rapproche alors de l’étoile. “Pour les étoiles ultra froides, elle est d’environ 5 %, soit un facteur 10 de plus”, explique à PlanetS le professeur du Centre pour l’espace et l’habitabilité de l’université de Berne (CSH).

Un autre facteur facilite également la détection des planètes en orbite autour des étoiles ultrafroides : elles sont beaucoup plus petites que le Soleil. Ainsi, lorsqu’une planète est en transit, une fraction plus importante de la lumière émise par l’étoile est masquée. Cela rend le transit plus perceptible. La différence dans ce cas est d’environ un facteur 100, selon Brice Demory.

Des chiffres convaincants qui soulèvent la question suivante : s’il est tellement plus facile de trouver des planètes semblables à la Terre devant des étoiles ultrafroides, pourquoi n’avons-nous pas commencé à les chercher plus tôt ?

Fausses théories et nouveaux instruments

“On pensait auparavant qu’il ne pouvait pas y avoir de planètes en orbite autour de telles étoiles”, répond Brice Demory. Il y avait donc peu de raisons de s’intéresser à ces systèmes, et peu de télescopes appropriés étaient disponibles pour le faire.

Brice-Olivier Demory is SNSF Professor at the University of Bern. (Image zVg)

Le projet SAINT-EX, du nom de l’auteur du Petit Prince, Antoine de Saint-Exupéry, a voulu remédier à cette situation. Il est équipé d’instruments spécialement adaptés à l’observation d’étoiles ultrafroides, à la fois relativement faibles et de couleur rougeâtre. Avec ses instruments précis, le télescope a déjà confirmé la présence de deux nouvelles planètes qui pourraient éventuellement contenir de l’eau liquide. Les publications scientifiques correspondantes sont en préparation, comme le confirme Brice Demory à PlanetS.

Un soutien pour CHEOPS

En outre, SAINT-EX fournit également un soutien terrestre vital pour le télescope spatial CHEOPS. Il le fait, par exemple, en surveillant avec précision les objets qui sont étudiés avec CHEOPS. Il sert ainsi de contrôle, avec lequel il est possible de vérifier que les mesures prises par le télescope spatial sont bien des signaux provenant des objets et non du vaisseau spatial lui-même.

En fin de compte, Brice Demory espère que les données fournies par SAINT-EX permettront de trouver des réponses à des questions de recherche fondamentales, comme celles liées aux conditions nécessaires à l’émergence de la vie. Jusqu’à présent, nous ne disposons que d’un seul point de référence : La Terre. Mais d’autres écosystèmes pourraient également favoriser l’éclosion d’une activité biologique. Ce n’est qu’en explorant la variété des exoplanètes dans les zones habitables que nous pourrons améliorer notre compréhension, nous explique le scientifique.

Une chose est sûre : nous devons nous attendre à être surpris. Si les recherches qui ont motivé SAINT-EX nous ont appris quelque chose, comme le dit Brice Demory, c’est qu'”il ne faut pas toujours se fier à la théorie”. D’autres résultats du télescope dans les montagnes mexicaines pourraient renforcer son point de vue.

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